samedi, novembre 12, 2011

Tournai La Page




L'ouvrage «Antoine Depage, Chirurgien de guerre-Sénateur» a été présenté ce lundi lors d'une conférence de presse au siège du Mouvement Réformateur afin de rendre hommage, à la veille des cérémonies patriotiques qui commémoreront la fin de la 1ère Guerre mondiale, à un médecin militaire d'exception qui révolutionna les soins donnés aux blessés.

L'ouvrage collectif publié dans la série des Carnets du Centre Jean Gol a été commenté par Chantal Bertouille, Députée-Echevin, et André Bertouille, ancien Ministre et Député, actuellement Président du Conseil de Conciliation et d'arbitrage du MR.

C'est la grande guerre de 1914-1918 qui allait permettre à Antoine Depage, élève indiscipliné et aux résultats médiocres lors de ses études primaires et secondaires, avant de s'épanouir dans la médecine, de donner toute la mesure de son talent d'organisateur au service d'une énergie inébranlable et d'une volonté irrépressible. En 1914, l'impréparation du service de santé de l'armée est flagrante, favorisée par les décennies d'inertie et d'insouciance d'une paix qui n'a pas été troublée. Soutenu par Le Roi et la Reine, Antoine Depage créa en décembre 1914, l'Hôpital de l'Océan, à La Panne. Il s'agissait d'un hôtel réquisitionné, situé à front de mer, auquel vont pouvoir s'adjoindre des baraquements qui feront passer en quelques mois la capacité de l'ambulance de 200 à 1200 lits. Militarisé pour la durée de la guerre avec le grade de colonel-médecin, Depage exigera d'être assisté par des chirurgiens capables qu'il choisira lui-même parmi les jeunes médecins mobilisés, issus des quatre universités du pays.

Son rendement est remarquable: la mortalité des interventions chirurgicales est réduite au taux le plus bas. La réussite fait taire bientôt les sourdes oppositions. L'ambulance est citée partout comme un hôpital modèle où sont appliquées les méthodes nouvelles. 

Antoine Depage avait le don inné de prévoir l'événement et de s'y préparer. Ses succès sont ceux du réformateur et du visionnaire.

Conseiller communal de Bruxelles dès 1908, il combat au sein de cette assemblée, les vues, à son avis étriquées, du conseil des hospices de l'époque. Il veut une politique hospitalière en rapport avec les exigences d'une population en grand développement. Dans ce but, il rédige avec ses amis Vandervelde et Cheval un gros volume La Construction des hôpitaux, étude critique très fouillée s'inspirant de ce qui a été fait en la matière dans l'Europe entière.

En 1920, fort des appuis que lui valent des sympathies américaines et notamment la fondation Rockefeller, il projette de créer un nouvel hôpital indépendant des pouvoirs publics et en particulier de la tutelle de la Commission d'Assistance Publique, administré et géré par l'Université Libre de Bruxelles. Ce rêve ne se réalise pas.

Nommé sénateur libéral, il intervient souvent à la tribune notamment en faveur du vote de la loi des huit heures et d'améliorations d'ordre social et hygiénique. A côté d'innombrables distinctions honorifiques, plusieurs titres académiques lui sont accordés : membre correspondant de la Société de la Chirurgie de Paris, Docteur Honoris Causa des Universités de Budapest et de Sheffield.

S'il abandonna ou presque la pratique chirurgicale, il consacre désormais le meilleur de lui-même à des projets de réforme sanitaire. Déjà en 1917, au cours des rares moments libres que lui laissait son activité de chirurgien et de chef d'hôpital, il avait consigné dans une brochure intitulée simplement Pages écrites à La Panne en 1917 son opinion sur Le rôle de la science dans le développement de la nation et sur Le point de vue industriel dans l'organisation des établissements hospitaliers.

Désormais, c'est par la parole et par la plume qu'il reprend les thèmes auxquels il est depuis toujours attaché et qui heurtent souvent l'opinion car ils sont en avance sur l'époque. Mais les forces de ce grand lutteur le trahissent prématurément. Il meurt à soixante-trois ans des suites d'une opération.
Ainsi se terminaient une vie passionnée et une œuvre que les circonstances exceptionnelles de la guerre avaient rendues particulièrement efficaces: œuvre d'animateur intransigeant, de rénovateur despotique mais sagace. 

Ce livre de 120 pages est vendu au prix de 10 Euros (12 Euros si frais de port). On peut commander un exemplaire en versant le montant convenu sur le compte BE81 3101 2328 0824 du Centre Jean Gol, 84-86, avenue de la Toison d'Or, 1060 Bruxelles. 

Cet ouvrage a été présenté à Tournai La Page ce 12 Novembre